L’étude de faisabilité : une boussole avant le lancement

Publié le : 22 Mai 2025 - Mis à jour le : 27 Mai 2025 - Lu 435 fois - Temps de lecture : 9 minutes
Avant de se lancer tête baissée dans un projet, il est judicieux — voire vital — de prendre le temps de la réflexion. C’est exactement le rôle de l’étude de faisabilité. Trop souvent négligée, cette phase préparatoire permet pourtant d’éviter les angles morts, de tester la solidité des intentions, et d’aligner les ambitions avec la réalité du terrain. Chez Agerix, nous considérons qu’elle constitue un véritable outil de pilotage, à la fois stratégique et opérationnel.
Une étude de faisabilité rigoureuse repose sur quatre volets complémentaires, qui forment ensemble une grille de lecture du projet. En tant que Cheffe de projet chez Agerix, un bureau d'études spécialisé en développements d'applications métier, vous imaginez bien que l'étude de faisabilité est un incontournable de nos process. Je vous propose donc de partager mon expérience et de passer en revue ces quatre dimensions clés.
Volet économique : analyser les impacts collectifs
Avant de penser rentabilité ou technologies, un projet doit s’inscrire dans une réalité économique plus large. Le volet économique d’une étude de faisabilité vise à comprendre dans quelle mesure le projet s’accorde avec le contexte global, et comment il interagit avec l’environnement socio-économique du territoire concerné. Il ne s’agit pas seulement de vérifier si l’idée est bonne sur le papier, mais d’anticiper les répercussions concrètes de sa mise en œuvre.
Cette analyse commence par une lecture attentive des contraintes macroéconomiques : inflation, instabilité des marchés, niveau des salaires, coût des matières premières, taux de change… Ces éléments peuvent fortement influencer la capacité du projet à atteindre ses objectifs, que ce soit en termes de coûts, de délais ou de ressources mobilisables.
Vient ensuite la question de l’impact sur la collectivité d’accueil. Un projet peut générer des effets vertueux — création d’emplois, valorisation des compétences locales, relance d’une filière — mais il peut aussi, parfois involontairement, créer des déséquilibres. Une pression accrue sur le marché de l’emploi ou sur le logement, par exemple, peut fragiliser les équilibres sociaux existants.
L’étude de faisabilité permet ici de poser les bonnes questions en amont, pour favoriser une insertion harmonieuse du projet dans son écosystème.
Enfin, il est difficile de parler de ce volet économique sans ce vous inviter à réfléchir aux conséquences sociales et humaines de la mise en œuvre. Quelles seront les attentes en matière de ressources humaines ? Faudra-t-il former, recruter, réorganiser ? Le projet induit-il un changement de culture ou de pratiques internes ? En abordant ces questions dès le départ, on prépare le terrain pour une conduite du changement plus fluide et une meilleure adhésion des équipes.
Volet technique : valider la faisabilité opérationnelle
J'aimerai beaucoup vous affirmer que l’enthousiasme autour d’un projet suffit à le rendre réalisable mais malheureusement ce n'est pas le cas. C'est dommage, je suis d'accord avec vous. D'un autre côté si c'était le cas mon travail de cheffe de projet serait beaucoup moins utile ... 😎 L'enthousiasme est bien sûr un excellent levier, encore faut-il s’assurer que les conditions techniques sont réunies pour le mener à bien. Et c'est en cela que le volet technique de l’étude de faisabilité va nous être utile puisque ce volet de l’étude de faisabilité s’attache à évaluer, très concrètement, la capacité du projet à être déployé avec les moyens disponibles et dans le respect des contraintes réglementaires, environnementales et organisationnelles.
La première interrogation porte sur la technologie elle-même. Est-elle suffisamment mature ? Existe-t-il déjà des solutions éprouvées, ou faudra-t-il innover, tester, adapter ? La réponse à ces questions conditionne le niveau de risque technique, mais aussi les délais à prévoir. Un projet qui repose sur une technologie encore instable ou difficilement compatible avec les systèmes existants pourrait engendrer des surcoûts ou des blocages en cours de route.
Parallèlement, le projet doit être conforme aux normes en vigueur, qu’elles soient techniques, industrielles, ou légales. Dans certains secteurs — santé, sécurité, environnement — ces exigences sont particulièrement strictes et peuvent imposer des procédures de certification ou de validation supplémentaires. Une étude de faisabilité rigoureuse permet d’anticiper ces obligations au lieu de les découvrir une fois le projet lancé.
Le facteur humain n’est pas à négliger. Dispose-t-on des compétences nécessaires en interne ? Faut-il former les équipes, faire appel à des partenaires, recruter des profils spécifiques ? Ces aspects RH sont souvent sous-estimés, alors qu’ils conditionnent la fluidité du déploiement. Agerix est une petite équipe autour de laquelle gravite une quinzaine de partenaires réguliers (développeurs, designers, etc...), nous devons donc en permanence avoir ces facteurs RH en tête pour être certains de tenir nos engagements.
Enfin, et vous le savez si vous avez lu notre magazine ou suivi la conférence d'Eric Lamy au JoomaDay 2024 sur ce sujet, l’impact environnemental du projet mérite une attention particulière. Au-delà de la conformité réglementaire, les organisations sont de plus en plus attendues sur leur capacité à réduire leur empreinte écologique. Il s’agit ici d’identifier les risques, mais aussi les opportunités : un projet respectueux de l’environnement pourra plus facilement bénéficier de soutiens publics, améliorer l’image de l’entreprise, voire ouvrir de nouveaux marchés.
Volet commercial : positionner le projet sur le marché
Nous ne sommes pas vraiment concernés à l'agence Agerix puisque nous développons pour des clients qui nous ont contactés pour répondre à un besoin mais, pour vous qui me lisez, c'est peut-être le cas : l’étude de faisabilité ne se limite pas à vérifier si un projet est réalisable, elle doit aussi déterminer s’il a sa place sur le marché. Le volet commercial est là pour évaluer l’alignement entre le projet et la stratégie de l’entreprise, mais aussi pour interroger son potentiel de différenciation face à la concurrence.
La première étape consiste à analyser la cohérence entre le projet et le modèle économique de l’organisation. Est-ce un prolongement logique de l’activité actuelle ou une rupture stratégique ? Un projet peut paraître prometteur en soi, mais s’il dévie trop des compétences cœur ou des cibles habituelles, il risque de mobiliser des ressources disproportionnées pour un retour incertain. Cette question de l’alignement est donc centrale : elle permet de replacer le projet dans le cadre plus large de la vision d’entreprise.
Il faut ensuite déterminer la priorité réelle du projet puisque la plupart du temps le contexte économique des clients fait que les ressources — humaines, techniques, budgétaires — sont limitées, chaque projet doit être comparé aux autres initiatives en cours ou à venir. Le projet étudié apporte-t-il une valeur ajoutée immédiate ou différée ? Répond-il à une attente forte, à une opportunité stratégique ou à une contrainte réglementaire ? Cette hiérarchisation aide à éviter les dispersions et à se concentrer sur ce qui compte vraiment.
Enfin, si le projet porte sur un produit ou un service, il convient d’en définir clairement le positionnement. À qui s’adresse-t-il ? Quel besoin vient-il combler ? En quoi se distingue-t-il des solutions existantes ? Trop de projets échouent non pas à cause de leur qualité intrinsèque, mais parce qu’ils arrivent sur le marché sans identité claire, sans promesse forte, ou trop tard par rapport à la concurrence. Le volet commercial de l’étude de faisabilité sert donc aussi à formuler cette promesse et à tester sa pertinence.
Un projet viable doit non seulement être réalisable, mais aussi stratégiquement aligné, clairement positionné et priorisé face aux limites des ressources et à la concurrence.
Volet financier : mesurer la rentabilité et anticiper les besoins
En tant que bureau d'études spécialisé en développements d'applications métier, nous savons pertinement que tout projet, aussi pertinent soit-il sur le plan technique ou commercial, ne peut se concrétiser sans une évaluation rigoureuse de sa viabilité financière. Régulièrement on nous oppose nos TJH ou nos 17% de Gestion de Projet, et c'est bien compréhensible. Le volet financier de l’étude de faisabilité permet justement de poser les bases d’une projection économique réaliste, en tenant compte à la fois des coûts, des recettes attendues et des moyens à mobiliser. Et c'est souvent cette démarche qui nous permet de remporter l'adhésion de nos futurs clients.
L’analyse commence souvent par l’estimation des bénéfices que le projet pourrait générer. Ces bénéfices peuvent être directs, comme une augmentation du chiffre d’affaires, ou indirects, comme une amélioration de la productivité, une fidélisation accrue des clients ou une réduction des coûts opérationnels. Identifier ces bénéfices, les chiffrer autant que possible, et surtout les relier aux objectifs globaux de l’entreprise permet de mieux justifier l’intérêt du projet auprès des décideurs.
Mais ces promesses doivent être confrontées aux réalités budgétaires. Il faut calculer les coûts complets du projet, en intégrant non seulement les dépenses initiales (conception, développement, communication), mais aussi les frais de maintenance, d’équipement, de formation et d’éventuelles mises à jour. En parallèle, le prix de vente ou de commercialisation doit être estimé de manière réaliste, en tenant compte du marché, de la concurrence et de la valeur perçue.
L’un des indicateurs clés reste bien sûr le retour sur investissement. Combien faudra-t-il dépenser, et dans quel délai peut-on espérer un retour ? Ce ratio ne doit pas être vu comme une simple équation comptable, mais comme un outil d’aide à la décision. Il permet de comparer plusieurs scénarios, d’évaluer les risques financiers et de décider du rythme de déploiement le plus adapté.
Et il me serait difficile de terminer ce chapitre sans rappeler que l’étude de faisabilité doit intégrer la question du financement. Dispose-t-on des fonds nécessaires ? Faut-il solliciter des partenaires, des subventions, un prêt ou faire appel à des investisseurs ? Chaque option a ses implications, que ce soit en termes de délais, de dépendances ou de gouvernance. Une vision claire des besoins et des possibilités de financement permet d’anticiper les éventuels freins et de mieux structurer le plan d’action.
A vous de jouer ?
J'espère que cet article vous a plu et qu'il vous aura permis de comprendre qu'une étude de faisabilité, loin d’être une formalité administrative, est un véritable levier de succès. Elle aide à mieux penser, mieux prévoir, mieux investir. N'hésitez pas à me laisser vos commenntaires ou à me contacter si vous souhaitez approfondir certains points. Cet article n'est qu'une traduction de mon expérience de cheffe de projet technique au sein de notre bureau d'études et de l'observation du travail fait par nos équipes sur les projets qui sont discutés, négociés et réalisés par notre agence. Chez Agerix, nous l’envisageons comme une étape de clarification collective, où les intuitions deviennent des hypothèses testables, et les idées des plans concrets. C’est cette rigueur qui donne au projet une trajectoire claire, réaliste, et surtout partagée..
Alors, prêt à dire à vous lancer sur le chemin de la perfection ? Si c'est le cas, je vous laisse une petite FAQ ci-dessous, à vous de jouer ! 😎
FAQ – Tout savoir sur la Matrice RACI
1. À quoi sert concrètement une étude de faisabilité avant le lancement d’un projet ?
Elle permet d’analyser le projet sous plusieurs angles (économique, technique, commercial, financier) pour vérifier s’il est réaliste, pertinent et bien aligné avec son environnement. C’est une phase préparatoire qui évite de partir sur de fausses hypothèses. Elle aide à anticiper les contraintes, identifier les risques, détecter les opportunités et mieux structurer la suite du projet. Chez Agerix, on la considère comme une boussole qui oriente aussi bien la stratégie que la mise en œuvre opérationnelle.
2. Pourquoi intégrer un volet économique dans l’étude de faisabilité ?
Parce que tout projet interagit avec un territoire, une économie locale, et parfois même un tissu social existant. Ce volet analyse la compatibilité du projet avec le contexte global : inflation, coût des ressources, emploi local, équilibre social… Il ne s’agit pas simplement de mesurer la rentabilité immédiate, mais d’évaluer les répercussions concrètes, positives ou négatives, qu’un projet peut avoir sur son environnement. Cela inclut aussi les besoins en ressources humaines et les changements d’organisation.
3. En quoi le volet technique est-il indispensable, même pour un projet très enthousiasmant ?
L’enthousiasme ne suffit pas. Un projet ne peut avancer que si les moyens techniques et humains sont réunis. Ce volet vérifie la maturité de la technologie envisagée, sa compatibilité avec l’existant, sa conformité réglementaire (notamment dans les secteurs sensibles), ainsi que les compétences disponibles pour le déployer. Il prend aussi en compte les contraintes environnementales et les éventuelles obligations en matière d’impact écologique, un sujet désormais incontournable.
4. Comment le volet commercial contribue-t-il à sécuriser le projet ?
Il permet de s’assurer que le projet a un vrai potentiel de marché. Cela passe par une analyse du positionnement stratégique, de la valeur ajoutée perçue, de la concurrence et de la cohérence avec les priorités de l’entreprise. Même une bonne idée peut échouer si elle ne répond à aucune demande réelle ou si elle arrive trop tard. Ce volet oblige à clarifier la promesse du projet et à vérifier sa pertinence dans l’écosystème concurrentiel.
5. Pourquoi le volet financier est-il souvent déterminant dans la décision de lancer (ou non) un projet ?
Il met en balance les coûts, les recettes attendues, et les moyens disponibles. Il aide à estimer les bénéfices (directs ou indirects), mais aussi à anticiper les frais cachés : maintenance, formation, équipement. Le calcul du retour sur investissement (ROI) devient ici un outil de comparaison entre plusieurs scénarios. Ce volet aborde également la question du financement — interne ou externe — et permet d’ajuster le plan d’action selon les ressources effectivement mobilisables.
6. Faut-il toujours réaliser une étude de faisabilité, même pour des projets de taille moyenne ?
Oui, car même un projet modeste peut engendrer des conséquences importantes s’il est mal préparé. L’étude de faisabilité peut être adaptée en fonction de l’envergure du projet, mais elle reste utile pour valider les grandes hypothèses, éviter les mauvaises surprises, et renforcer la crédibilité du projet face aux financeurs ou à la direction.
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